La police technique et scientifique fournit des preuves objectives

La police technique et scientifique fournit des preuves objectives

La Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT) de la Police Fédérale compte pas moins de 15 spécialisations. Certaines d’entre elles sont connues, d’autres moins, mais elles sous-tendent toutes un objectif commun : apporter des éléments de preuve forensiques convaincants afin d’étayer une instruction ou information judiciaire. La directrice Sabien Gauquie nous explique en quoi DJT peut faire la différence.

Unités spécialisées

Reconstruction faciale, comparaison dactyloscopique, authentification de (faux) passeports, identification de victimes lors de catastrophes, analyse d’enregistrements sonores, interprétation de traces de sang sur une scène de crime… Les missions d’appui et d’expertise forensiques des 110 membres du personnel de DJT sont multiples, variées et exercées au profit de la Police Intégrée, des autorités administratives et judiciaires, ainsi que de partenaires externes. Outre l’appui prêté dans le cadre d’instructions et d’informations judiciaires, DJT propose une offre d’appui non opérationnel de coordination au profit de la Police Judiciaire Fédérale (PJF) et d’autres partenaires. “Le laboratoire d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’il y a dix ans”, explique la commissaire divisionnaire Sabien Gauquie, directrice de DJT depuis deux ans. Les (14) PJF comportent aujourd’hui des unités CSI (Crime Scene Investigation) et cinq Forensic Police Laboratories (FPL). Les membres du personnel (CALog) de ces FPL se trouvent à Anvers, Gand, Bruxelles, Liège ou Charleroi. Tant la DJT que les PJF sont en proie à un déficit de personnel, qui ne peut être comblé qu’au compte-goutte en raison des restrictions budgétaires. Les expertises déployées au sein de DJT sont très spécifiques et, souvent, maîtrisées par une poignée de personnes seulement. Le manque de personnel peut dès lors être critique. Les polygraphistes (plus âgés), c’est-à-dire les membres du personnel qui vérifient la véracité des déclarations d’une personne à l’aide d’un polygraphe, devront très prochainement être remplacés. Il en va de même pour d’autres spécialisations, qui nécessiteront de nouveaux recrutements.”

Explications au tribunal

Pourquoi postuler un emploi à DJT ? Sabien Gauquie : “Les membres du personnel de DJT sont au cœur de l’action policière et offrent une véritable plus-value. Certains experts, tels que les portraitistes, sont associés très tôt à l’enquête. Il en va de même pour le team DVI, qui intervient lors de catastrophes majeures mais également, par exemple, en cas de découverte d’un corps dans un bois ou un squat par la Police Locale. Notre contribution à une instruction peut vraiment faire la différence. En tant que spécialistes, les membres de DJT apportent des éléments convaincants et objectifs à un enquêteur ou un magistrat essayant de mener à bien le dossier. Les empreintes digitales ou les analyses de traces de sang ne correspondent pas toujours au récit donné par un suspect. Les collègues sont aussi régulièrement amenés à témoigner devant la cour d’assises et à expliquer comment ils sont parvenus à leur conclusion. Il faut également garder cela à l’esprit ! Les analyses reposent sur des procédures reconnues sur la scène internationale. Une gradation est utilisée : en fonction de l’expertise fournie, un degré de probabilité plus ou moins grand sera attribué. Tout n’est pas toujours noir ou blanc.”

Sabine Gauquie, directrice DJT

Gage de qualité aux yeux du monde extérieur

ans tous les processus, les membres du personnel de DJT opèrent selon des normes de qualité, certifiées dans la mesure du possible. La Police Technique et Scientifique belge est en effet tenue de respecter une obligation européenne d’accréditation des laboratoires forensiques. L’organisme BELAC, reconnu par l’État belge, délivre cette accréditation après un audit approfondi. Cela permet une traçabilité et garantit la qualité du travail (empreintes digitales et ADN). Cette accréditation ne change rien à la qualité intrinsèque de notre travail mais constitue une garantie aux yeux du monde extérieur.

“Une grande minutie est dès lors attendue de l’ensemble du personnel”, poursuit la directrice. “Son travail doit être minutieux, précis et conforme aux normes scientifiques. J’attends également des membres du personnel qu’ils soient persévérants, motivés et en quête d’amélioration. Toutes les spécialisations ne requièrent pas un diplôme scientifique. En ce qui concerne la dactyloscopie, par exemple, adopter la bonne attitude est ce qui compte le plus : la comparaison dactyloscopique d’empreintes (de personnes) et de traces (sur le lieu du délit) nécessite une grande minutie. Cette expertise n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur.”

Innovation

“J’entends également miser largement sur la recherche et le développement, ainsi que sur l’innovation”, conclut la commissaire divisionnaire Gauquie. “L’offre d’expertise de DJT n’a guère évolué et certaines lacunes doivent certainement être comblées. Nous devons nous tourner vers l’avenir en tâtant le terrain, en cernant les besoins et en examinant les évolutions de la police technique et scientifique en dehors du monde policier (belge), par exemple en ce qui concerne l’imagerie 3D. Cela requiert toutefois de nouveaux collaborateurs, que je souhaiterais recruter.”

Trouver les personnes adéquates ne constitue généralement pas un problème pour DJT. Nombreux sont celles et ceux qui souhaitent se mettre au service de la recherche forensique de la vérité. Pour la directrice, il n’y a qu’un bémol : le fait de travailler dans la capitale, qui n’est pas toujours très accessible.